1200 en release (sous la pyramide du Louvre)

photo telomi – cc by-nc-nd 2.0

En fermant les yeux, c’est un peu comme la mer au mois d’août en espagne mais sans sable chaud ni ambre froid. Pareil quand on dort au soleil allongé sur le ventre, bouche écrasée sur la serviette éponge. Enfoncé qu’on est dans le bruit des autres. splassssssshhhhhh… fliscchhhhhhhh 

Petits cris, paroles étouffées, drapeaux au vent, mâts, bômes, tangons, drisses, écoutes, étais, haubans qui clapissent et les voiles qui fassayent émergent comme des solos au dessus d’un magma sourd. 

Pareil ici les voix qui plissent les cris qui chuintent effet de normalisation. Y-a-t’il un plug-in limiteur audio hem je dirai réglé sur 1 en attaque et 1200 en release ce doit être le réglage ad-hoc pour avoir un trou noir d’où rien ne sortira plus, jamais.

Gaulées les stridences, happées les pointues, catchées les coupantes, reviens par là toi la violente et intègres le rang, pas de vagues, juste un plan, on ne sort pas de la nasse, fini trop tard. 

Et puis et puis notre oreille se tend va chercher suppose compare. Pas conne l’oreille elle sait ce qui émerge même d’un trou noir, c’est pourtant pas un oeil une oreille mais elle en a derrière le pavillon. Elle a le goût du sillon et surtout et surtout, elle sait quand il y a dans l’air ambiant, un attracteur étrange. 

De ceux qui vous font regarder par terre, pour mieux vous y enfoncer, mieux entendre, mieux saisir, et là dans ce magma, vos oreilles lâchent, c’est vos yeux qui prennent le relais : des pieds partout, du 26 au 47, enfin des chaussures qui parcourent le sol en tous sens. Un défilé, une monstration, c’est carnaval, chacun se targue d’être le plus cru des cuirs : mocassins avachis, baskets reniflantes, creepers essoufflées, elles sont toutes là, derby mégalos, rangers flasques, des souliers pas beagles, des tongues non j’en vois pas, mais des fiers escarpins, quelques espadrilles lessivées, une paire de santiags du Chili, et pas un nu pied, hélas, pas un. 

luc dall’armellina, en atelier d’écritures avec Sébastien Rongier et Joël Paubel, notes de 15 minutes, sous la pyramide, Musée du Louvre et reprises hors séance, janvier 2013.