Jour 05 – samedi 21 mars – La Résistance n’est plus une option

C’est aujourd’hui le premier jour du printemps !
Mais confinés, on a commencé à regarder la mini série Years and Years de Russell T. Davies. Sueurs froides et malaise. L’impression de voir comment, depuis notre actualité (le premier épisode est en 2019), les choses pourraient partir en vrille. Pas très difficile malheureusement, d’imaginer les scénarii du pire. La science fiction nous y a préparés, de bien des manières distopiques, en littérature comme au cinéma : de Georges Orwell (1984) à Philip K. Dick (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?), de Terry Gillian (Brazil) à William Gibson (Neuromancien).
Le poète Hölderlin écrivait en 1807 dans Patmos : “Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve”. C’est une phrase toujours très contemporaine, peut-être intemporelle.
Le péril croit en effet : quelques jours d’informations – celles que l’on glane et creuse ici ou là seul ou en collectif (pas celles anesthésiantes des TVs d’infos en boucle) – ne font que le confirmer, à tous les niveaux du spectre de la vie sur terre.
Quand à méditer sur ce qui nous sauvera ou pourrait nous sauver, on entre en terrain périlleux, mais aussi pleinement tourné vers la vie.

Le confinement que nous vivons en ce moment pourrait être – parce qu’il nous offre à vivre un temps inédit, exceptionnel – ce qui sauve. Ce qui nous sauve, non seulement du péril du virus, mais aussi de l’abrutissement. Le temps présent nous est rendu à nouveau disponible, il nous est à nouveau possible de penser. Il nous est à nouveau permis de rêver, d’affirmer que nous avons le droit de prendre le temps de vivre en prenant soins les uns des autres, et que nous avons aussi le devoir de sauver notre planète, pour nous, nos enfants et les leurs et les suivants.

A Government of Times, Center for Contemporary Arts, Leipzig. 28 Mai, 2016
Ce confinement, nous l’avons subi. Nous avons senti, en 5 jours seulement, que cet isolement nous rapprochait des nôtres, mais aussi de nos voisins, de nos amis, et d’inconnus croisés dans la rue ou dans la queue pour attendre notre tour de pain. Ce confinement, nous pourrions, si nous le décidions, le transformer en une multitude de clusters résistants, ne pas attendre qu’il nous soit imposé mais le provoquer, imaginez un peu :
Nous, citoyens de toutes les nations,  nous ne sommes plus dupes des effets toxiques du capitalisme sur nos vies et sur celle de la planète terre et peut-être au delà. Nous, citoyens du monde, voulons nous organiser pour mettre un terme à tous les pouvoirs de nuire des personnes, sociétés, multinationales, lobbys, privés ou étatiques contre tout ce qui menace la qualité de l’environnement et du vivant sur terre, humain, animal, végétal ou minéral.

 

Nous, citoyens, nous nous engageons, aussi longtemps et fréquemment que nécessaire, à nous mettre nous-mêmes en confinement, que nous appellerons dorénavant bulles de « Résistance », à rechercher ensemble, par tous les moyens éthiques, coopératifs, stratégiques, fonctionnels et logistiques pour enrayer le capitalisme, à l’origine de la sixième extinction de masse. A l’issue de celle-ci, c’est nous qui disparaîtrons. La Résistance n’est plus une option, de sa réussite dépend notre survie en tant qu’espèce.
Nous, citoyens, voulons la penser, l’inventer et la réaliser ensemble, en petits collectifs connectés, en assemblées à taille humaine, dans toutes nos langues du monde, dans toutes nos cultures, c’est une révolution à l’échelle du monde contre tout ce qui nuit à toutes les formes de vie sur terre – et donc contre le capitalisme – que nous voulons mener. Nous gagnerons ou nous mourrons de lui.