Habemus Papam. Crise de foi au sommet : ceux qu’on appelle cardinaux sont filmés comme des hommes espiègles et vaniteux, ambitieux et généreux, humbles parfois. L’un d’eux plus que les autres, doute de lui, de sa capacité à incarner le guide papal que tous attendent. Le film partage avec « Discours d’un roi » de Tom Hooper, 2010, cette idée que la force des grands naît de leur capacité à dépasser une faille intime. Irrévérence créative et joyeuse ! Mais, est-ce pour autant la fin des grands meneurs ?

Abemus Papam, film de Nani Moretti, 2011, 01h42min

Un espace et un temps en marge d’une vie électrique trépidante. Une vaste maison accueillante, un étang, un parc. Un havre de paix pour des gens comme vous et moi, mais fous, c’est-à-dire un peu plus que vous et moi. Jean Oury, puissant double de Félix Guattari, à eux deux peuplant une multitude. Une équipe qu’on découvre, soignants dont on sent que la fonction institutionnelle est relative et la présence d’individu essentielle. A chaque instant l’utopie et son bonheur palpables dans l’espace du langage.

“La Borde ou le droit à la folie”, film d’Igor Barrère (1977, 60’)

Un étang des chevaux. Une grande maison-château des arbres bruissants d’oiseaux en pagaille. Des fous des ritournelles des soignants se promènent dans le parc alentour. Surgie de l’intérieur une étrange créature, un danseur paysan en guenilles apparaît. L’aria d’une cantatrice crève l’air et lui, cherche dans ses entrailles les gestes enfouis d’une humanité bouleversante/bouleversée et/qui les trouve, les forme, nous les donne.

“Min Tanaka à la Borde”, film de Joséphine Guattari et François Pain (1986, 25’) sur la danse Butho de Min … Plus

Caos Calmo : comme une pédagogie de la réversibilité (ou non) des choses, processus, êtres et de leurs sentiments : de quoi réveiller la question de l’envers, du contraire, de l’éversion. Mais surtout s’installe une gracile suspension du temps – c’est là le centre du film si bien servi par Nanni Moretti – son point de rotation. Une agaçante intrigue politique prétexte puis une scène de sexe sortie de nulle part nous laissent mi figue mi raisin. Avec cette certitude que le parmesan est de trop sur les broccoli.

film d’Antonello Grimaldi – 10 décembre 2008