Ton propre corps est le Figuier de la Sagesse,
Ton propre cœur, le pur Miroir de la Lumière.
Occupe tout ton zèle à l’essuyer sans cesse,
Pour ne pas le laisser ternir par la poussière.Huineng, qui à ce moment pilait du riz dans la cuisine, l’ayant entendu, s’écria :
« Pour une belle gâtha, c’est une belle gâtha ! Mais quant à être le fin mot, ce n’est pas encore le fin mot. »Et il psalmodia lui-même la gâtha suivante :
Il n’est plus figuier, le Figuier de la Sagesse ;
Il n’est plus miroir, le Miroir de la Lumière.
Alors qu’il n’est plus rien dont la forme apparaisse,
Pour ternir quel objet, d’où vient la poussière ?Cao Xueqin [ 曹雪芹 ] (1715 ?-1763), Le Rêve dans le pavillon rouge, tome 1
Notice de l’édition Gallimard de 1981 : «Chaque mot m’a coûté une goutte de sang.»
» Ce vers, qui figure, selon une variante, dans le prologue du premier récit, montre bien que, pour Cao Xueqin (1715 ?-1763), Le Rêve dans le pavillon rouge est inséparable de sa personnalité et de son existence. Il définit son œuvre comme le résultat, « hors du commun, de dix années de labeur ».
Si, au dire de ses contemporains, Cao Xueqin était un génie multiforme, romancier, poète, peintre, calligraphe, joueur de cithare, chanteur et même acteur amateur, c’est à son roman que son nom doit de figurer parmi les plus illustres.
Écrit en pur dialecte de Pékin, Le Rêve dans le pavillon rouge, animé par ses quatre cent quarante-huit personnages parfaitement individualisés, avec ses multiples intrigues, trace une vaste fresque de la société chinoise au XVIIIe siècle. Le livre a pour thème central la décadence de la classe dirigeante et l’impossibilité pour elle de trouver des successeurs capables de faire face à la situation. Cette satire sociale est habilement dissimulée dans la trame du roman, qui dépeint la vie d’une famille aristocratique à son déclin, situation qu’a bien connue l’auteur. » [ source ]

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